La vérité sur Saint Martin d’Arenc : enfin, des chiffres sur le coût de la consolidation de l’église.

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Dans divers articles parus dans la presse locale régionale, le département des Bouches-du-Rhône se justifie de la mise en vente de l’église Saint Martin d’Arenc en arguant du montant prétendument exorbitant de sa consolidation.

Il convient de remarquer que, si le département exploite cet argument, il n’a néanmoins jamais indiqué à combien s’élève concrètement, c’est-à-dire en euros, ce « montant exorbitant ».

Ainsi, une question se pose : comment fut chiffré le montant de l’enveloppe financière prévisionnelle de 4 000 000 euros qui fut votée, à l'unanimité, par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône le 29 juin 2018 ? Comment donc le département a-t-il pu annoncer cette somme ? Dispose-t-il, peut-être, d’une escadre de devins ou, plus simplement, d’une étude ? Nous penchons, rationnellement, pour cette seconde hypothèse.

Nous avons ainsi appris qu’une étude fut réalisée en 2016. Nous avons pu y accéder.

Cette étude fut réalisée par une société marseillaise d’envergure internationale avec, l’appui, d’autres sociétés tout aussi reconnues. Au regard de la stature et de la notoriété des sociétés qui sont intervenues afin d’effectuer cette étude (et d’établir consécutivement le rapport), nous pouvons raisonnablement admettre que celle-ci est sérieuse.

Ladite étude se fonde sur un diagnostic technique et une estimation financière réalisés en 2004, tout en y apportant une plus grande expertise. Le rapport nous révèle également un historique intéressant ; nous y apprenons notamment que, en 1999, lors de la démolition d’un entrepôt, un mur est tombé sur le presbytère de l’église et le détruisit. 

Ce rapport nous informe aussi sur deux éléments majeurs :

1. D’une part, sur l’état du clocher : une campagne de mesure de 21 mois, réalisée entre 2013 et 2015 à l’aide d’inclinomètres et de capteurs d’effort, a permis de conclure à la parfaite stabilité de l’ouvrage au cours de ces mois d’observation ;

2. D’autre part, sur l’état général du bâtiment : le document indique que l’analyse des précédents rapports fait ressortir que les fissures affectant l’édifice n’ont pas évoluées depuis 1998.

De manière générale, le rapport ne peut pas irréfragablement affirmer que la stabilisation du bâtiment est pérenne ; il émet néanmoins une hypothèse, à savoir que la stabilité actuelle de l’édifice serait due à l’achèvement des chantiers dans le périmètre environnant.

Doit-on comprendre, in fine, que les démolitions des silos, des hangars et, plus largement, les divers travaux (dont celui du tunnel de Lajout), à proximité de Saint Martin d’Arenc, auraient accentué les désordres structurels ?

Revenons cependant à notre sujet initial, à savoir le coût de la consolidation. Combien celle-ci aurait-elle coûté ?

Le rapport indique (nous résumons) que, d’après les sondages effectués, la reprise en sous-œuvre des fondations serait réalisée à l’aide de micropieux. Les micropieux seraient descendus entre 16 et 22 mètres de profondeur, suivant la topologie du terrain.

Après l’installation des micropieux, une nouvelle dalle de 40cm fortement armée de l’église et du clocher serait réalisée. Celle-ci permettrait la répartition des efforts entre les appuis (poteaux et murs) et les micropieux et, ainsi, rigidifierait la base de l’ouvrage.

La suite du rapport précise les différentes reprises à effectuer, concernant les fissures, les chaînages, les voûtes, etc. L’étude prévoit également la mise hors d’eau, c'est-à-dire la reprise complète de la toiture (charpente et couverture).

Enfin, surtout, l’étude donne une estimation totale du coût (HT) de la consolidation et de la mise hors d’eau : autour  de 2 500 000 €.

Par conséquent, en avril 2016, la consolidation et la réfection de la toiture était estimé autour de  2 500 000 € HT.

Première remarque (et question) : la consolidation ne coûtait, en avril 2016, que 2 500 000 € HT ; pourquoi, donc, le département n’a-t-il pas fait réaliser les travaux dans la mesure où il disposait largement des moyens financiers pour les financer ?

En effet, le département a acheté Saint Martin d’Arenc en 2018 et a voté, dans la foulée, un budget prévisionnel de 4 000 000 € (avec 3 600 000 € TTC) Voir ICI pour la réalisation des travaux. Si l’on tient comptede la TVA et  de l’augmentation entre 2016 et 2018, le département avait, en vérité en 2018, largement de quoi financer la consolidation de l’édifice. Il aurait pu, ainsi, prendre le temps de réfléchir sur sa destination future.

Si l’on continue la lecture de l’étude susmentionnée, celle-ci présente également une estimation quant au réaménagement des niveaux existants, tout en prévoyant le triplement de la surface qui passerait de 910 m² à 2 700 m². Et c’est sur la base de cette surface élargie que des projets d’aménagement ont été imaginés, visant à transformer le lieu en espace de « coworking », d’expositions ou de diffusion de la culture. Ces projets n’étaient pourtant pas si farfelus.

Donc, désormais, des questions se posent :

1. Pourquoi le département n’a-t-il pas fait réaliser les travaux ?

2. Pourquoi le département a-t-il attendu 6 ans pour demander la réalisation d’une nouvelle étude, ce qui, au passage, laisse supposer qu’il n’avait pas confiance en la première ?

3. Pourquoi le département n’a-t-il pas lancé un appel d’offre afin d’obtenir le prix réel de la consolidation dans la mesure où une étude ne peut donner qu’un prix moyen à un instant précis ?

4. Le département  ne peut-il pas nous dévoiler  la dernière étude relative aux travaux de consolidation qui, selon nos sources, en sa possession.

5. Que comportait le rapport du comité technique, lequel a eu pour conséquence la mise en vente de l’église et qui a poussé tous les élus du Printemps Marseillais à s’abstenir!!!

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Ouvrons une parenthèse

Les élus du Printemps Marseillais auraient pu voter contre, même si leurs votes n’auraient rien changé. Mais, ils auraient appliqué, du moins moralement, l’un de leurs slogans « Halte à la braderie du patrimoine municipal ».

Rêvons un peu, la municipalité aurait pu acheter l’édifice ou peut-être le préempter en invoquant l’utilité publique… Arrêtons de rêver !  Non non  ! c’est possible !

-- L'église de la rue d'Aubagne dans le 1ème  arrondissement a été achetée (octobre 2022 ?) par la ville de Marseille. Plusieurs projets sont à l'étude. Quelque soit le projet, la ville « associera les habitants » pour le bâtir.

Bref, pour St Martin d’Arenc les élus du Printemps Marseillais se sont abstenus !! Le patrimoine dans le 3ème n’est pas leur priorité.

-- Pourtant, la municipalité a arrêté le chantier de la Villa Valmer dans  le 7ème (Le CIQ ne peut qu’approuver) au risque de devoir payer des dommages et intérêts entre 2Millions et 45 millions d’euros.

-- Cette même municipalité lance des travaux d’aménagement de la plage des Catalans dans  le 7ème, coût estimé à 11M€

Pourquoi pas quelques millions pour Saint Martin d’Arenc ?

Pourquoi la municipalité, le département et  la région ne  réunissent-ils pas leur force pour la sauvegarde de Saint Martin d’Arenc ?

Fermons la parenthèse

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6. Enfin, quelles seront les garanties qui obligeront le futur acquéreur de ne pas détruire l’édifice et de conserver son intégrité complète (extérieur et intérieur). En effet, le PLUi Voir ICI modifié reste évasif et semble autoriser une destruction partielle.

Il est écrit : — Les règles de la fiche EG6 sont un peu assouplies afin de permettre une plus grande flexibilité d’intervention tout en préservant certains élément du batiment —.

Le seul élément qui ne pourrait être détruit serait le mur d’enceinte, ainsi que la barrière en fer forgé dont il est surmonté.

 

Nous avons fait parvenir nos questions  à Madame Vassal présidente du Département et à et à Monsieur Payan  maire de Marseille ainsi qu’à Monsieur Bompard député de notre circonscription. Le CIQ Arenc-Villette espère avoir des réponses.

Il est à noter, que jusqu'à présent et qu’en dépit de ses nombreuses demandes, le CIQ Arenc-Villette n’a jamais été invité à réfléchir sur le devenir de ce lieu – du reste, les habitants du secteur n’ont pas plus été sollicités. Si les différents décideurs se sont succédés avec leur lot de promesses, en revanche, aucun d’eux n’a pris la peine de formuler une réponse constructive au CIQ. 

 

Voilà, Mesdames Messieurs, la triste réalité.

 

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Commentaires

1. Le jeudi 1 décembre 2022 par Marie-Ange

Tous les mêmes

2. Le samedi 3 décembre 2022 par Jean-Paul

Il faut réagir rapidement avant que l'appel à projet soit lancé et surtout avant qu'il y est un repreneur. Après ce sera plus difficile voir impossible d’arrêter le projet de destruction partiel s'il y a lieu.

3. Le samedi 3 décembre 2022 par Claude

Il faut lancer une pétition

4. Le lundi 5 décembre 2022 par Gaspard

À leur grande habitude, les élus locaux, de tous bords confondus, font discrètement le contraire de ce qu'ils affirment publiquement. Le "projet public" (j'insiste sur les guillemets) de réhabilitation de l'église Saint-Martin-d'Arenc, très clairement exposé dans cet article du CIQ, témoigne une nouvelle fois de ce que les promesses n'engagent que ceux qui y croient ...
Le département avait promis de redonner vie à cet édifice essentiel du quartier ; on apprend désormais que l'enveloppe initialement budgétée permettait largement de financer les travaux, si l'on s'en tient à l'étude de 2016. Pourquoi n'a-t-il rien entrepris ? Sans doute les priorités se situent ailleurs que dans le 3e arrondissement de Marseille. Quant aux élus municipaux du Printemps marseillais, leur prétendue lutte contre la "braderie du patrimoine municipal" ne concerne pas, non plus, le pauvre reliquat d'édifices historiques du 3e arrondissement. S'abstenir, c'est consentir ; ce ne sont pas des élus qui diront le contraire... En s'abstenant de voter contre la vente de l'église, les élus du Printemps marseillais ont indirectement voté pour !
Quid, désormais, de l'avenir de l'église ?
La vente assortie d'un projet d'utilité publique est, encore une fois, un beau leurre. Quel privé prendra le risque d'investir une telle somme ? Le département cherche, sans doute, à se donner bonne conscience. Pour ma part, je doute que Madame Vassal et Monsieur Payan daignent répondre aux questions du CIQ. Encore une fois, les préoccupations des habitants du 3e ne sont certainement pas leur priorité.

5. Le lundi 5 décembre 2022 par Maria-Valentina

J’apprends par cet article que le département a pour projet de vendre cette église ce qui me désole profondément. Je crains malheureusement que, malgré l’appel à projet, son destin ne soit rien d’autre que sa destruction... J’ai du mal à croire qu’un investisseur privé se manifeste. Encore une fois, le quartier semble être la dernière roue du carrosse…

6. Le jeudi 8 décembre 2022 par VK76

Vive les élus!
Il vaut mieux investir pour enfouir quelques pierres et planter des arbres un peut n importe comment pour ce donner bonne conscience.
au lieu de garder le seul poumon vert entre les rues PEYSSONNEL et RUFFI

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